LaCitĂ© de lâArchitecture, au TrocadĂ©ro, vient tout juste dâouvrir son exposition Archi & BD. La ville en bande dessinĂ©e, le thĂšme est vaste. Chaque dessinateur y va de son utopie selon les besoins du scĂ©nario. Enki Bilal, Jean
Laville a inspiré et inspire encore les auteurs de bandes dessinées. L'exposition Archi & BD, au Palais de Chaillot à Paris, propose du 9 juin au 28 novembre un parcours dans les villes vues
Lexposition « Archi & BD », prĂ©sente au public les relations quâentretiennent la bande dessinĂ©e et lâarchitecture. Les 350 Ćuvres prĂ©sentĂ©es permettent de faire une balade chronologique au cĆur de ces villes fantastiques dessinĂ©es par les plus grands auteurs de BD : Enki Bilal, François Schuiten ou BenoĂźt Peeters.
NewYork, ville icĂŽne des super-hĂ©ros amĂ©ricains. Tokyo, lâantre des mangaka japonais. Entre architecture et bande dessinĂ©e, tout commence par un trait de crayon. La CitĂ© de l
Lexposition "Archi et BD" se tient à Paris jusqu'au 28 novembre, à la cité de l'architecture et du patrimoine. L'occasion d'interroger les relations entre urbanistes et dessinateurs de BD, une
Lexposition « Archi & BD », prĂ©sente au grand public ou rappelle aux passionnĂ©s de la bande dessinĂ©e, les relations quâentretiennent la bande dessinĂ©e et lâarchitecture. Lâexposition aborde
Archi& BD, Archi & Bd : la Ville Dessinée à la Cité de l'Architecture & du Patrimoine. Bubble, le meilleur endroit pour découvrir, organiser et acheter des BD, comics et mangas. Livraison à domicile ou réservation en magasin.
SXspCP. Lâexposition Archi et BD, actuellement Ă la CitĂ© de lâarchitecture et du patrimoine, est prolongĂ©e jusquâen janvier 2011. Jâen avais fait une critique au dĂ©but de lâĂ©tĂ© et il mâĂ©tait apparu quâelle comportait bien trop de lacunes pour porter un regard pertinent sur son sujet. QuâĂ cela ne tienne ! Comme on est jamais aussi bien servi que par soi-mĂȘme, voici, dâici la fin de lâexposition, une sĂ©rie dâarticles pour dĂ©montrer quâil Ă©tait possible de faire une exposition intelligente, en ciblant davantage les thĂšmes, avec de belles images et peu de moyens heureusement sans planches originales et malheureusement sans affiche de Nicolas de CrĂ©cy !. Lâexposition Archi et BD Ă©voque, lâespace de quelques planches, un Ă©vĂ©nement de lâhistoire contemporaine bien connu des Belges lâexposition universelle de 1958. Ses rapports avec la bande dessinĂ©e sont inattendus mais intĂ©ressants. Par cette exposition, qui a lieu en plein Ăąge dâor de la bande dessinĂ©e belge pour enfants, un lien sâest créé entre lâarchitecture et la bande dessinĂ©e. Archi et BD 1 Villes rĂȘvĂ©es de lâan 2000 Archi et BD 2 Les CitĂ©s Obscures de Schuiten et Peeters, une encyclopĂ©die de lâarchitecture Archi et BD 3 Lâarchitecture dans la bande dessinĂ©e historique Archi et BD 4 Carnets de voyage, dâun art Ă lâautre Lâexposition universelle 58 Ă Bruxelles un moment architectural Le concept dâExposition Universelle apparaĂźt dans lâEurope conquĂ©rante et industrielle du milieu du XIXe siĂšcle, la premiĂšre ayant lieu Ă Londres en 1851. Lâobjectif affichĂ© par ces expositions est de regrouper en un seul lieu lâĂ©tendue des avancĂ©es technologiques et artistiques de lâhumanitĂ©. Projet ambitieux portĂ© par la croyance en la toute-puissance du progrĂšs humain qui caractĂ©rise le XIXe siĂšcle. Le terme universel est lĂ pour rappeler que lâexposition est ouverte Ă tous les pays du monde. Depuis 1928, câest un Bureau International des Expositions est chargĂ© de lâorganisation des Ă©vĂšnements, la derniĂšre en date ayant eu lieu Ă ShangaĂŻ en 2010 de mai Ă octobre. Les expositions universelles sont gĂ©nĂ©ralement lâoccasion de faire le point sur les avancĂ©es du savoir humain autour dâun thĂšme pronant lâharmonie entre les peuples, la paix dans le monde, ou la progression des connaissances. Plus que dans dâautres types dâexpositions, lâarchitecture est un des arts majeurs des expositions universelles. Lâexposition est prĂ©sentĂ©e Ă lâĂ©chelle dâune ville et permet donc la mise en place de constructions gigantesques, le plus souvent Ă©phĂ©mĂšres mais parfois durables. Lâarchitecture donne lâoccasion de prĂ©senter une virtuositĂ© technique symbole de modernitĂ©, telle la Tour conçue par Gustave Eiffel lors de lâ de Paris en 1889, modĂšle de construction mĂ©tallique. Par son pavillon, chaque pays participe au grand ballet des architectures. Lâexposition universelle de Bruxelles en 1958 occupe une place particuliĂšre il sâagit de la premiĂšre exposition depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et mĂȘme depuis le dĂ©but des tensions en Europe de lâOuest, puisque la derniĂšre exposition avait eu lieu en 1935, Ă Bruxelles Ă©galement. Câest dâailleurs Ă cette occasion que fut construit le parc des expositions du Heysel oĂč se dĂ©roule lâexpo 58, mais le souvenir fort de cette derniĂšre a fĂąnĂ© le souvenir de son aĂźnĂ©e. Elle marque les esprits en tant quâexposition du renouveau Ă©conomique et politique de lâEurope affaiblie par les conflits. Le traitĂ© de Rome, premier traitĂ© politique de lâUnion EuropĂ©enne est signĂ© en 1957 et Bruxelles est dĂ©jĂ la citĂ© centrale de ce qui est alors surtout un regroupement Ă©conomique. Architecturalement, lâExpo 58 vient marquer le triomphe de lâesthĂ©tique du mouvement moderne, dont les dĂ©buts datent des annĂ©es 1920. Ses principaux reprĂ©sentants de lâavant-guerre sont lâĂ©cole du Bauhaus et le suisse Le Corbusier et lâinstitutionnalisation du mouvement se produit dans les annĂ©es 1930, en particulier avec la Charte dâAthĂšnes qui, en 1933, affirme des principes architecturaux et urbanistiques. Les mots dâordre de ce style sont la rationalisation fonctionnelle de lâespace, lâĂ©puration des lignes par des formes simples et le minimalisme ornemental. Toutefois, si le mouvement moderne est conquĂ©rant avant la guerre, en lutte contre ce quâil dĂ©nonce comme des archaĂŻsmes, la situation sâinverse aprĂšs 1945 il sâimpose et ses principes se fondent dans un style international » qui cherche Ă affirmer sans cesse le triomphe de la modernitĂ© et du progrĂšs humain. La CitĂ© Radieuse de Marseille construite par Le Corbusier entre 1947 est un exemple de cet engouement pour le modernisme qui caractĂ©rise la gestion urbanistique des annĂ©es 1945-1960. Câest sous cette forme que lâarchitecture moderne apparaĂźt lors de lâExpo 58 de Bruxelles une esthĂ©tique devenue omniprĂ©sente et populaire. A travers lâarchitecture, lâexposition entend aussi confirmer lâentrĂ©e de lâhumanitĂ© dans la modernitĂ©. Les travaux commencent Ă Bruxelles dĂšs 1956 et donnent lieu Ă deux types de construction les pavillons Ă©phĂ©mĂšres et les Ă©difices durables. Outre les pavillons amĂ©ricains et soviĂ©tiques qui tentent de convaincre de la superioritĂ© respective des modes de vie des deux blocs de la guerre froide, le pavillon du gĂ©nie civil belge, avec sa flĂšche creuse en bĂ©ton armĂ© de 80 mĂštres de long est un des monuments les plus impressionnants. La flĂšche du pavillon du gĂ©nie civil belge pour l'Expo 58 virtuositĂ© architecturale dans le traitement du bĂ©ton Il reflĂšte les reflexions en cours sur lâutilisation de matĂ©riaux nouveaux et, par sa forme Ă©lancĂ©e, incarne indirectement la conquĂȘte spatiale, lâun des principaux sujets de prĂ©occupation scientifique de la pĂ©riode. LâĂ©difice est dĂ©truit en 1970. Mais le monument de lâExpo 58 le mieux restĂ© en mĂ©moire est lâAtomium, qui, toujours en place actuellement, permet dâen garder le souvenir. Comme la Tour Eiffel du siĂšcle prĂ©cĂ©dent, lâAtomium veut ĂȘtre Ă la fois une prouesse technique dâenvergure et le symbole de la science de Bruxelles de nos jours le symbole de l'Expo 58 LâĂ©difice, haut de 102 mĂštres, reprend la structure du cristal de fer et prĂ©tend incarner lâentrĂ©e du monde dans lâĂąge de lâatome » comprendre de lâĂ©nergie atomique. Il est conçu par lâingĂ©nieur AndrĂ© Waterkeyn 1917-2005, alors directeur dâune des principales entreprises mĂ©tallurgiques du pays, et bĂąti par les architectes AndrĂ© et Jean Polack. Sur une structure dâacier sont disposĂ©s neuf boules recouvertes dâaluminium. Six sont creuses et ouvertes au public, lâintĂ©rieur Ă©tant rendu accessible par des ascenseurs. LâAtomium est progressivement devenu lâun des symboles les plus populaires de la ville de Bruxelles et entre 2004 et 2006, des travaux de rĂ©habilitation ont Ă©tĂ© menĂ©s. La sphĂšre situĂ©e Ă la base contient une exposition consacrĂ©e aux annĂ©es 1950, tandis quâun restaurant se trouve dans la sphĂšre centrale. PrĂ©sence de lâexposition universelle dans la presse de bande dessinĂ©e Tintin et Spirou Au dynamisme technique et politique belge symbolisĂ© par lâexposition universelle semble rĂ©pondre, Ă la mĂȘme Ă©poque, le dynamisme culturel de la bande dessinĂ©e belge pour enfants. Elle est reprĂ©sentĂ©e par deux journaux concurrents, Le Journal de Spirou de lâĂ©diteur Jean Dupuis 1938- et Le journal de Tintin de Raymond Leblanc Le Lombard, 1946-1993. La notion dâĂąge dâor » est souvent invoquĂ©e pour parler de la pĂ©riode qui sâĂ©tend, en gros, du milieu des annĂ©es 1940 Ă la fin des annĂ©es 1960. A mon sens, elle recouvre deux rĂ©alitĂ©s dâune part la prĂ©sence dâun noyau de dessinateurs vĂ©ritablement novateurs dans leur approche du mĂ©dia, regroupĂ©s autour de maĂźtres » formateurs les Ă©lĂšves de JijĂ© Franquin, Moriss, Tillieux, et les Ă©lĂšves du studio HergĂ© Jacobs, Martin, Bob de Moor, Vandersteen, et dâautre part le fait que des journaux et Ă©diteurs belges parviennent Ă se faire une place dans le marchĂ© français. Toutefois, en lâabsence de statistiques sur les tirages comparĂ©s des journaux belges et des journaux français de cette Ă©poque Vaillant, Coq Hardi, ZorroâŠ, je ne mâaventurerais pas Ă prĂ©tendre que cette notion dâĂąge dâor » belge soit entiĂšrement fondĂ©e. Dâautant plus que ce serait oublier lâimportance, en France, des petits formats pĂ©riodiques qui constituent une grande partie des ventes, mĂȘme si, au final le modĂšle du journal avec des histoires Ă suivre a survĂ©cu plus longtemps. Câest Ă double titre que Spirou et Tintin sont amenĂ©s Ă Ă©voquer lâexposition universelle de 1958. En tant que journaux belges, il est Ă©vident que lâĂ©vĂšnement les intĂ©resse. Le Journal de Tintin a son siĂšge Ă Bruxelles. Mais nâoublions pas que les deux journaux, dans la tradition de la presse pour enfants de leur Ă©poque, se veulent aussi Ă©ducatifs et se donnent comme objectif, entre deux aventures hĂ©roĂŻques, de former les jeunes gĂ©nĂ©rations. Ils participent donc Ă la grande campagne publicitaire qui accompagne le lancement de lâexposition en Belgique en publiant des articles relatifs Ă lâExpo 58 durant toute lâannĂ©e. On remarquera au passage que Le Journal de Tintin se divise en une Ă©dition belge et une Ă©dition française. Le public est trĂšs ciblĂ© et la diffĂ©rence de public pertinente lâĂ©dition française reste assez rĂ©servĂ©e quant Ă la question de lâexposition, tandis que les articles abondent dans lâĂ©dition belge. Dâavril Ă septembre, on y trouve une rubrique presque hebdomadaire intitulĂ©e Rendez-vous Ă lâexpo » ; animĂ©e par Will et Jean Graton, elle prĂ©sente un aspect de lâExpo 58, parmi lesquels LâAtomium », le palais de mĂ©tal » ou le Heysel, ville-lumiĂšre ». Mieux encore dans lâexposition se trouve un autodrome Tintin » oĂč les enfants sont invitĂ©s Ă venir conduire des petites voitures. En 1958 est construit le building Tintin », nouveau siĂšge des Ă©ditions du Lombard prĂšs de la gare du Midi, et câest de cette maniĂšre que le journal du jeune reporter belge sâassocie lui aussi aux grands travaux dâurbanisme de Bruxelles. Le Journal de Spirou, peut-ĂȘtre en raison de sa double diffusion en France et en Belgique ou encore Ă cause de la situation de son siĂšge Ă Charleroi, est moins impliquĂ© dans lâExpo 58 et ne lance pas de rubrique dĂ©diĂ©e. En revanche, il publie en juillet un numĂ©ro spĂ©cial Expo 58 » qui, entre autres histoires, donne lâoccasion Ă lâOncle Paul du journal dâĂ©voquer la construction de la Tour Eiffel tandis que CĂ©sar, le hĂ©ros de Tilleux visite lâexposition. Le mĂȘme Eddy Paape dessine un panorama de lâexposition sous la forme dâun poster. Les sĂ©ries Ă suivre, pour leur part, nâont quâun rapport lointain avec lâĂ©vĂšnement. Sâil faut dresser une liste des sĂ©ries publiĂ©s pendant la durĂ©e de lâexposition mars-octobre 1958, signalons dans Tintin la premiĂšre grande histoire de Michel Vaillant par Jean Graton Le grand dĂ©fi, le MĂ©tĂ©tores de la sĂ©rie Blake et Mortimer de Jacobs, les dĂ©buts de Oumpah Pah par Uderzo et Goscinny, ainsi que les dĂ©buts de la publication de Tintin au Tibet par HergĂ© qui, on lâadmettra, est Ă lâexact opposĂ© des prĂ©occupations modernistes de lâexposition ; dans Spirou commence La flĂ»te Ă six schroumpfs, un Ă©pisode de Johan et Pirlouit par Peyo, tandis que Moriss en est Ă RuĂ©e sur lâOklahoma pour sa sĂ©rie Lucky Luke et que Franquin, parallĂšlement aux aventures de Spirou La foire au gangster et Le prisonnier du Bouddha, impose dans le journal la prĂ©sence de lâencombrant Gaston Lagaffe, imaginĂ© lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente et encore cantonnĂ© aux hauts-de-page. On le voit, en 1958, les sĂ©ries phares de la bande dessinĂ©e belge fonctionnent Ă plein rendement et le relais est en passe dâĂȘtre passĂ© entre les anciens et les hĂ©ritiers. Cela ne signifie pas pour autant que lâExpo 58 nâinspire pas les dessinateurs des deux journaux. Franquin est connu pour sâĂȘtre intĂ©ressĂ© au design des annĂ©es 1950 pour sa sĂ©rie Modeste et Pompon. Dans Les Pirates du silence, une aventure de Spirou et Fantasio parue en 1955-1956, il emploie les services de son collĂšgue Will pour dessiner le dĂ©cor de la citĂ© ultramoderne dâIncognito city qui reprend, en effet, certaines images de lâhabitat du mouvement moderne. Image des Pirates du silence par Franquin on reconnaĂźt dans la ville ultramoderne d'Incognito city certains codes visuels du modernisme pilotis, building pavĂ©...Franquin malmĂšne le symbole de lâExpo 58, lâAtomium, entiĂšrement repeint Ă lâeffigie de Gaston Lagaffe. Quand Gaston Lagaffe s'approprie l'Atomium, par AndrĂ© Franquin A cette date, toutefois, les liens entre lâesthĂ©tique de lâExpo 58 et les histoires publiĂ©es dans Tintin et Spirou restent limitĂ©e ; sauf si lâon prend en compte la thĂ©matique de la modernitĂ© scientifique, rĂ©currente dans les sĂ©ries des deux journaux. Le style atome » nostalgie et modernitĂ©, une mythification nostalgique du style Expo » Lâaventure de lâExpo 58 dans la bande dessinĂ©e ne sâarrĂȘte cependant pas aux observations de lâĂ©poque. Au contraire, amplement plus intĂ©ressante et la gestion a posteriori de ce qui a Ă©tĂ© appelĂ© style Expo » ou style atome ». Sans se confondre complĂštement avec le style dit de la ligne claire, le style atome partage avec lui de nombreux points communs tous deux sont des regards portĂ©s, avec une nostalgie parfois ambiguĂ« car oscillant entre lâhommage et le pastiche et nâayant jamais fait la preuve de leur exactitude historique, sur lâart des auteurs de bande dessinĂ©e belges de ce fameux Ăąge dâor. Les deux noms sont dâailleurs imaginĂ©s par le mĂȘme dessinateur, Joost Swarte. Dans les annĂ©es 1980, les dessinateurs de la ligne claire comme ceux du style atome cherchent Ă retrouver le trait de leurs maĂźtres passĂ©s, trait qui incarne aussi pour eux une forme de modernisme graphique oĂč domine la ligne et les formes simples et synthĂ©tiques. On nâoubliera pas que, dans les deux cas, il sâagit dâune construction intellectuelle a posteriori et que les termes de ligne claire et de style atome ne peuvent pas sâappliquer directement au style de Jacobs, de Franquin et de Tilleux ; ils sâappliquent aux auteurs qui sâen inspirent trente ans plus tard. Le style atome se dĂ©tache toutefois de la ligne claire au dĂ©but des annĂ©es 1980 en ce quâil fait plus explicitement rĂ©fĂ©rence Ă dâautres formes de lâart des annĂ©es 1950 que la seule bande dessinĂ©e, et particuliĂšrement Ă lâarchitecture et au design. Il est employĂ© pour la premiĂšre fois par un personnage de Joost Swarte, Anton Makassar, qui voit dans lâAtomium le symbole du style atome » qui dĂ©signe alors, pour Makassar, un style artistique et non rĂ©duit Ă la seule bande dessinĂ©e. Hommage Ă Le Corbusier par Joos Swarte 1984 Le style atome est indissociable des Ă©ditions Magic Strip et des frĂšres Daniel et Didier Pasamonik. Ce sont eux qui vont irrĂ©mĂ©diablement unifier le style atome et le souvenir de lâExpo 58. Les frĂšres Pasamonik, fondateurs des Ă©ditions Magic Strip en 1979, commencent par la réédition des classiques belges, profitant dâune vague nostalgique Ă lâĂ©gard des auteurs de Tintin et Spirou. Puis, Ă cours dâouvrages Ă rééditer, ils se tournent justement vers de jeunes auteurs dont le style emprunte Ă leurs aĂźnĂ©s dâune façon presque Ă©purĂ©e et classique, Yves Chaland Ă©tant le principal reprĂ©sentant de ce groupe dans lequel on compte aussi Serge Clerc, Luc Cornillon et Ever Meulen. La collection Atomium 58 est créée pour eux et reprend, matĂ©riellement, la prĂ©sentation des albums des annĂ©es 1950. Par cette collection, les frĂšres Pasamonik font rĂ©fĂ©rence non seulement Ă un style graphique, mais aussi Ă toute une Ă©poque de la vie artistique en Belgique dont lâExpo 58 est lâaxe 58 et le style atome, l'ouvrage-manifeste des Ă©ditions Magic Strip Beaucoup dâauteurs rattachĂ©s au style atome se caractĂ©risent par le fait quâils vont chercher leur inspiration ailleurs que dans la seule bande dessinĂ©e dans le design, lâarchitecture, et lâillustration. Au-delĂ de ses albums, le dessinateur Ever Meulen travaille aussi bien dans la presse que dans lâaffiche ou lâillustration en gĂ©nĂ©ral. Son art est fortement inspirĂ© par lâesthĂ©tique des annĂ©es 1950 et on y retrouve des caractĂ©ristiques de lâarchitecture du mouvement moderne la gĂ©omĂ©trisation, la rigueur des formes, une form dâĂ©lĂ©gance du geste graphiqueâŠFeu Vert, ouvrage retrospectif de l'oeuvre d'Ever Meulen Futuropolis, 1986 La rĂ©fĂ©rence au constructivisme et au mouvement moderne autorise aussi, de la part des auteurs du style atome » une stylisation des formes qui pousse parfois jusquâĂ lâabstraction. Prenant le relais de Joost Swarte, qui avait employĂ© le terme de style atome » dâune maniĂšre dĂ©calĂ©e, dans la bouche dâun historien de lâart savant et pompeux, les frĂšres Pasamonik publient en 1983 leur manifeste du style atome intitulĂ© LâExpo 58 et le style atome. Lâouvrage a pour but de regrouper les dessinateurs que les frĂšres Pasamonik voient comme proches dâun style qui nâest jamais clairement dĂ©fini, mais que lâon devine comme Ă©tant fondĂ© sur lâutilisation de la ligne-contour, tout en possĂ©dant une plus grande souplesse que la ligne claire et en mettant lâaccent sur la modernitĂ© conquĂ©rante et dynamique. Selon Pasamonik sây retrouvent Franquin, principal modĂšle, mais aussi Will et JidĂ©hem et, chez les jeunes, Yves Chaland, Ever Meulen, Joost Swarte, Kiki Picasso, Mariscal. AprĂšs coup, Didier Pasamonik dira, pour Ă©viter toute critique historienne de son ouvrage Ce manifeste Ă©tait en rĂ©alitĂ© une sorte de pastiche dâhistorien, tenant plus de la boutade que de la vĂ©ritable analyse critique. ». Restons toutefois prudent sâil est vrai que beaucoup de dessinateurs franco-belges des annĂ©es 1980 ont affirmĂ© leur dette envers lâart et lâesthĂ©tique moderne dominante des annĂ©es 1950, lâidĂ©e de style atome » existe avant tout Ă travers la dĂ©funte maison dâĂ©dition Magic Strip qui a imaginĂ© et dĂ©veloppĂ© le concept et sâest chargĂ© de dresser des liens esthĂ©tiques, parfois injustifiĂ©s, entre quelques auteurs. De mĂȘme, si Ever Meulen a pu ĂȘtre influencĂ© par lâexposition, elle ne constitue pas, loin sâen faut, sa seule source de rĂ©fĂ©rence, et rĂ©duire son style Ă la notion de style atome » est une façon de lâappauvrir en le rangeant dans une case. Il faut Ă©galement comprendre en partie lâinvention du style atome » comme la rĂ©ponse belge au dynamisme de la bande dessinĂ©e française adulte des annĂ©es 1970. Encore de nos jours, Didier Pasamonik poursuit son exploration de la ligne claire et du style atome. LâhĂ©ritage esthĂ©tique de lâExpo 58 en Belgique est paradoxal et diffĂ©rent selon que lâon parle de bande dessinĂ©e ou dâarchitecture. Pour le NeuviĂšme Art, lâaffirmation du style atome » permet la reconnaissance dâune diversitĂ© de styles graphiques et dâoeuvres de talent, dont celle dâEver Meulen ou dâYves Chaland. Il est aussi une lecture Ă la fois nostalgique et belgo-belge de lâesthĂ©tique des annĂ©es 1950 qui exagĂšre lâimportance rĂ©elle de lâExpo 58. En revanche, lâhistoriographie de lâarchitecture belge ignore volontairement la notion de style Expo » et nie la pertinence dâune cohĂ©rence architecturale de lâexposition et de son Ă©poque. LâExpo 58 est davantage considĂ©rĂ©e comme un point dâaboutissement, voire comme le symbole de lâĂ©chec de lâutopie urbanistique moderne, plutĂŽt que comme une avant-garde dynamique. Elle fait passer dans le quotidien, et dâune façon forcĂ©ment rĂ©ductrice, lâesthĂ©tique moderne. En ce sens, le style atome » ne serait guĂšre plus quâun air du temps passager, nostalgique, presque mythifiĂ©, mais ne correspondant Ă aucune rĂ©alitĂ© en son Ă©poque. Dâautre part, les consĂ©quences architecturales de lâexposition ne sont pas si roses que lâidĂ©alisation dâun style atome » pourrait le faire croire. En 1958, lâorganisation dâune exposition universelle Ă Bruxelles pousse la municipalitĂ© a accĂ©lĂ©rer des projets dâurbanisme de grand ampleur envisagĂ©s dĂšs la fin de la guerre. Il sâagit de faire entrer Bruxelles, par lâarchitecture, dans la modernitĂ©, lâExpo 58 devenant alors une marque de sa transformation en capitale internationale. Les dirigeants de la ville dĂ©cide dâappliquer Ă la ville les principes de lâurbanisme moderne de lâavant-guerre planification urbaine, sĂ©paration fonctionnelle des quartiers, construction de logements sociaux. Toutefois, la rĂ©organisation qui dĂ©bute dans les annĂ©es 1950 ne va pas se passer comme prĂ©vu et va ĂȘtre une des raisons de lâexode urbain qui pousse les habitants de Bruxelles, dans les dĂ©cennies suivantes, en pĂ©riphĂ©rie. Les premiers gratte-ciel commencent Ă apparaĂźtre dans le ciel de Bruxelles dans les annĂ©es cinquante, comme le siĂšge de la PrĂ©voyance Sociale prĂšs du jardin botanique. Dâautres travaux sont prĂ©vus pour les annĂ©es suivantes. Les promoteurs immobiliers privĂ©s Ă qui la municipalitĂ© a laissĂ© la gestion des travaux sont trĂšs vite confrontĂ©s Ă des plaintes, certaines Ă©manant mĂȘme dâarchitectes tenants du mouvement moderne qui sâinquiĂštent dâune utilisation abusive et excessive de leurs principes. Le principal reproche Ă lâencontre de ce quâon appellera plus tard la bruxellisation » est la destruction de quartiers et monuments anciens. Pour construire le Parking 58 », espace dâaccueil des nombreux visiteurs de lâExpo 58, les vieilles Halles de la ville sont dĂ©truites. Câest aussi en 1958 quâest lancĂ© le projet de CitĂ© administrative de lâEtat un ensemble de bĂątiments ayant pour but de rĂ©unir les institutions centrales belges. Malheureusement, et malgrĂ© sa grande qualitĂ© architecturale dans lâapplication des principes modernes, ce dernier projet sâĂ©ternise il ne sâachĂšve rĂ©ellement quâen 1983 et ne parvient pas Ă trouver sa place dans le tissu urbain bruxellois. Sây ajoute le fait que sa construction entraĂźne la dĂ©molition de quartiers anciens abritant une population plutĂŽt pauvre. Enfin, les rĂ©formes du fĂ©dĂ©ralisme belge des annĂ©es 1970-2001 rendent progressivement inutiles les bĂątiments qui sont revendus en 2003 Ă des promoteurs privĂ©s. Les lecteurs attentifs lâauront compris la construction de la CitĂ© administrative de Bruxelles, symbole de lâĂ©chec du modernisme Ă tout prix, a servi dâinspiration Ă François Schuiten et BenoĂźt Peeters pour leur album BrĂŒsel dans lequel la ville imaginaire de BrĂŒsel est ruinĂ©e par la dĂ©mesure de projets urbanistiques de grande ampleur. Ironie de lâhistoire lâespace de lâExpo 58 qui est le mieux restĂ© dans les esprits des Belges dont un sondage rĂ©vĂšle que prĂšs de 90% dâentre eux ont assistĂ© Ă lâexposition nâest pas lâun des multiples pavillons consacrĂ©s Ă lâurbanisme moderne ou Ă la ville de demain mais les reconstitutions anciennes de la Belgique Joyeuse », sorte de village tout droit sorti dâun tableau de Brueghel ! Câest retrospectivement et grĂące Ă la bande dessinĂ©e que le style atome » commencera Ă soulever un peu dâenthousiasme. Pour en savoir plus Sur lâExpo 58 ChloĂ© Deligne et Serge Jaumain, lâExpo 58, un tournant dans lâhistoire de Bruxelles, Le Cri, 2009 Rika Devos et Mil de Kooning, Lâarchitecture moderne Ă lâexpo 58 Pour un monde plus humain », Fonds Mercator, 2008 Une passionnante reconstitution 3D de lâExpo 58 Sur le style atome » LâExposition 58 et le style atome de Didier Pasamonik, Magic-Strip, 1983 Ever Meulen, Feu Vert, Futuropolis, 1986 Un article de Didier Pasamonik sâexpliquant sur le style atome
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La CitĂ© de lâarchitecture et du patrimoine accueille une exposition centrĂ©e sur les correspondances entre architecture et BD. Vous avez jusquâau 28 novembre 2010 pour aller dĂ©couvrir lâexposition Archi et BD, la ville dessinĂ©e » Ă la CitĂ© de lâarchitecture et du patrimoine, Ă Paris. Lâexposition propose, selon un parcours chronologique de la fin du XIXe siĂšcle Ă nos jours, dâaborder les thĂšmes de lâarchitecture, de lâutopie, de la politique, du social, de lâHistoire, du design et de dĂ©couvrir en particulier trois villes New York, premiĂšre icĂŽne dont les dessinateurs vont sâemparer, Paris, historique et moderne, enfin Tokyo, la ville de toutes les folies. Au total, ce sont 150 auteurs internationaux Winsor McCay, Enki Bilal, Moebius, Will Eisner, Tardi, Jiro Taniguchi, Osamu Tezuka, Joost Swarte, François Schuiten, Nicolas de CrĂ©cy, etc et 350 oeuvres planches, agrandissements de planches, illustrations, photographies, films qui ont Ă©tĂ© mis en exergue pour Ă©voquer un urbanisme considĂ©rĂ© selon les Ă©poques comme fascinant ou angoissant. Archi et BD, la ville dessinĂ©e » â CitĂ© de lâarchitecture et du patrimoine â Palais de Chaillot 75016 Paris â Jusquâau 28 novembre 2010. Share Related Posts
Pour La CitĂ© de l'Architecture et du Patrimoine de Paris prĂ©sente l'exposition Archi & BD, la ville dessinĂ©e jusqu'au 28 novembre 2010. Elle s'inscrit dans la thĂ©matique du dessin, aprĂšs celles sur les 2 architectes dessinateurs Androuet du Cerceau et Claude Parent . C'est une exposition "fleuve", qui peut donner le tournis par son dispositif 150 auteurs de BD et 350 oeuvres. En quoi l'Architecture et la Bande DessinĂ©e peuvent-elles se rejoindre dans leur intĂ©rĂȘt portĂ© Ă la ville, Ă l'urbanisme ? La ville dans la Bande DessinĂ©e est utilisĂ©e d'abord comme source de divertissement, jeu dĂšs 1905 avec le personnage "Little Nemo" dans le dĂ©dale d'une ville titanesque par Winsor MC CAY..., puis comme cadre, dĂ©cor pour super hĂ©ros Spiderman,..., puis elle devient fantasmĂ©e, utopique, irrĂ©elle... François OLISLAEGER, La ville dessinĂ©e Une nouveautĂ© ! De nos jours, la BD devient une influence revendiquĂ©e dans le travail d'architectes Rem KOOLHAAS pour Euralille, HERZOG & DE MEURON pour Metrobasel, BIG Ă Copenhague, ANDRES JAQUE Ă Madrid.... La BD urbaine s'Ă©mancipe d'une forme "classique", aprĂšs HergĂ© trait Ă©purĂ©, simplicitĂ© du dessin et Ă travers des carnets de voyages parfois trĂšs rĂ©ussis comme La ville rouge de MichaĂ«l MATTHYS, sur la ville de Charleroi composition avec du fusain, de la mine de plomb et du sang de boeuf ; Tokyo Sampo par Florent CHAVOUER... Un parcours Ă suivre pour nĂ©ophytes en BD et en architecture, ou non ... afin de redĂ©couvrir l'entitĂ© ville... François OLISLAEGER, La ville dessinĂ©e Exposition Archi & BD, la ville dessinĂ©e jusqu'au 28 novembre 2010 CitĂ© de l'architecture et du patrimoine Commissariat J-Marc ThĂ©venet et Francis Rambert ScĂ©nographie Atelier Projectiles Graphisme Panni Demeter et FrĂ©dĂ©ric de Brugada Catalogue Archi & BD, la ville dessinĂ©e, 39 Euros AccĂšs Palais de Chaillot, Pavillon de TĂȘte, 1 place du TrocadĂ©ro et du 11 Novembre, 75116 Paris Partager cet article Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous Commenter cet article Articles rĂ©cents Culture CULTURE ET ĂDUCATION sous la COVID-19 en France 14 Janvier 2021 CULTURE ET ĂDUCATION sous la COVID-19 en France En dĂ©cembre 2020, le gouvernement français suite aux consĂ©quences de la crise sanitaire a dĂ» rendre Ă nouveau un arbritrage entre les activitĂ©s considĂ©rĂ©es comme essentielles et non-essentielles.... LittĂ©rature SociĂ©tĂ© ĂGOLOGIE, Ă©cologie, individualisme et course au bonheur 18 AoĂ»t 2019 Livre "ĂGOLOGIE, Ă©cologie, individualisme et course au bonheur" d'Aude Vidal, Ădition Le monde Ă l'envers, 4 ⏠Dessins de Nardo, 4⏠Culture mirifique vous recommande la lecture de lâexcellent livre dâAude Vidal EGOLOGIE, Ecologie,...
Par Caroline J. PubliĂ© le 28 mai 2010 Ă 15h48 Lâexposition Archi & BD », prĂ©sente au grand public ou rappelle aux passionnĂ©s de la bande dessinĂ©e, les relations quâentretiennent la bande dessinĂ©e et lâarchitecture. DĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle avec des auteurs comme Winsor McCay Little Nemo, George McManus La famille Illico, Frank O. King Gasoline Alley ou Alain Saint-Ogan Zig et Puce, la bande dessinĂ©e explore la ville, fascinĂ©e par le monde naissant quâelle thĂ©matique, non seulement de la ville, mais des Ă©lĂ©ments immĂ©diats qui sây rattachent comme lâarchitecture, lâurbanisme, le design, lâHistoire ou la politique, est devenue le terrain idĂ©al de descriptions esthĂ©tiques et de rĂ©flexions sur le monde contemporain avec des auteurs comme François Schuiten, BenoĂźt Peeters, Enki Bilal, MoebiusâŠLâexposition abordera, sans volontĂ© dâexhaustivitĂ©, les reprĂ©sentations de la ville dans la bande propos sera chronologique, des annĂ©es 1900 Ă nos jours avec une prĂ©sentation, en fin dâexposition, de projets particuliers la ville imaginaire de Villemolle des Requins Marteaux, le musĂ©e HergĂ©, la Maison de Verre, une commande de Jean Nouvel Ă des auteurs de bande total 150 auteurs internationaux et 350 oeuvres contribuent Ă cette exposition qui veut Ă©galement proposer un Ă©clairage sur la pĂ©riode actuelle oĂč la bande dessinĂ©e franchit de nouvelles frontiĂšres en matiĂšre de crĂ©ation, avec des auteurs de bande dessinĂ©e proches de lâart contemporain, comme Jochen Gerner, Ilan Manouach, Dominique Goblet, Thierry Van Hasselt, Christopher lire aussiLes expositions d'aoĂ»t 2022 Ă Paris et en Ile-de-France Ă ne manquer sous aucun prĂ©texteQue faire ce week-end Ă Paris avec les enfants, ces 20 et 21 aoĂ»t 2022Les musĂ©es et monuments gratuits ce dimanche 4 septembre 2022 Ă Paris
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